Appel National pour l’École Publique

L'école publique française, pilier de notre République, est aujourd'hui confrontée à une crise profonde. Les indicateurs sont alarmants : le décrochage scolaire ne cesse de progresser, les inégalités entre les établissements se creusent de manière inquiétante, et les enseignants, épuisés par une charge de travail excessive et des conditions de travail difficiles, sont de plus en plus nombreux à quitter le métier. Cette situation menace gravement l'avenir de notre pays, compromettant l'égalité des chances et la cohésion sociale. Il est urgent de réagir, et de le faire ensemble.

Diagnostic : les maux profonds de l'école publique

L'état de l'école publique française est le résultat d'un ensemble de facteurs interconnectés. Analyser ces dysfonctionnements avec précision est indispensable pour construire des solutions durables et efficaces.

Le manque de moyens : un Sous-Financement chronique

Le sous-financement de l'éducation nationale est un frein majeur à la qualité de l'enseignement. En 2022, la France consacrait 5,6 % de son PIB à l'éducation, un chiffre inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE (en moyenne 5,9 %). Ce manque de moyens se traduit par des classes surchargées, un manque cruel de personnel enseignant et de soutien, et une difficulté grandissante à proposer un enseignement de qualité adapté aux besoins de chaque élève.

Inégalités territoriales et sociales : un abîme à combler

Les inégalités scolaires sont profondément ancrées dans notre société. La ségrégation scolaire, qui concentre les élèves issus de milieux défavorisés dans certains établissements, pénalise lourdement leur réussite. L’accès aux ressources éducatives, telles que les bibliothèques, les équipements numériques performants (accès internet haut débit, tablettes, ordinateurs) et les activités périscolaires, est fortement disparate selon les territoires et les milieux sociaux. Ce déséquilibre exacerbe les inégalités existantes, créant un cercle vicieux qui se perpétue de génération en génération. Le capital culturel des familles joue également un rôle déterminant dans le parcours scolaire des enfants.

  • L’écart de réussite au baccalauréat entre les zones urbaines les plus favorisées et les zones rurales les plus défavorisées est de 20 points.
  • Seuls 55 % des élèves des quartiers prioritaires de la politique de la ville ont accès à un équipement numérique adéquat.
  • 30 % des élèves en difficulté scolaire ne bénéficient d'aucun soutien scolaire.

L'épuisement des enseignants : un problème majeur

Le rôle de l'enseignant a considérablement évolué. Au-delà de l'enseignement, il doit gérer des classes de plus en plus nombreuses et hétérogènes, faire face à une surcharge administrative croissante, et subir des pressions constantes liées aux évaluations et aux résultats. Cette situation contribue à l'augmentation du taux de burn-out chez les enseignants, impactant négativement leur bien-être, leur motivation, et, par conséquent, la qualité de l'enseignement dispensé. Le manque de reconnaissance du métier et des salaires trop bas contribuent à ce phénomène préoccupant.

  • 60 % des enseignants déclarent consacrer plus de 10 heures par semaine à des tâches administratives.
  • Le taux de départ des enseignants avant 5 ans d'expérience est en constante augmentation.

Appel national : vers une école publique réinventée

Pour inverser la tendance, un Appel National ambitieux est nécessaire, reposant sur un plan d'action concret et une mobilisation citoyenne sans précédent. Il s'agit d'un projet collectif qui nécessite l'engagement de tous : enseignants, parents d'élèves, élèves, collectivités territoriales, et gouvernement.

Un plan de financement ambitieux et équitable

Augmenter significativement le budget de l'éducation nationale est une priorité absolue. Cela nécessite la mise en place de nouvelles sources de financement (ex : taxe sur les grandes fortunes, augmentation de la TVA sur les produits de luxe) et une redéfinition des priorités budgétaires. Une gestion plus transparente et plus efficace des ressources est également indispensable. L'objectif est d'investir massivement dans les ressources humaines (augmentation des salaires des enseignants, recrutement massif de personnels d'accompagnement) et matérielles (équipements numériques, rénovation des locaux scolaires).

Une réforme structurelle profonde

La réforme doit viser à réduire drastiquement la taille des classes, à augmenter significativement le nombre d'enseignants et de personnels de soutien (AED, CPE, psychologues scolaires, assistants sociaux), et à améliorer considérablement les conditions de travail des enseignants. Il faut alléger la charge administrative, revaloriser le métier par une augmentation significative des salaires et une meilleure reconnaissance sociale, et promouvoir le bien-être des enseignants. La lutte contre les inégalités scolaires exige la mise en place de dispositifs d'accompagnement individualisés, notamment dans les zones défavorisées, et le développement de politiques de réussite éducative personnalisées.

  • Objectif : réduire la taille des classes à 20 élèves par classe dans le primaire d'ici à 5 ans.
  • Augmenter le nombre de psychologues scolaires de 50 % d'ici à 3 ans.
  • Augmenter le salaire des enseignants débutants de 20 %.

Mobilisation citoyenne et concertation nationale

La réussite de cet Appel National repose sur une mobilisation citoyenne massive et une concertation nationale impliquant tous les acteurs : enseignants, parents d'élèves, élèves, élus locaux et nationaux. La création d'un observatoire national indépendant de l'école publique permettrait un suivi régulier et transparent de la mise en œuvre des réformes et favoriserait le dialogue permanent entre tous les acteurs.