Pouvoir d’achat, niveau de vie et inflation: la France a le moral en berne

La politique dévastatrice de Nicolas Sarkozy se fait déjà ressentir. La chute du moral des ménages en novembre illustre les craintes des Français pour leur pouvoir d'achat mais également un "signal inquiétant" pour la croissance.

Article largement inspiré de cette dépêche AFP et de celle là.

"Les résultats de l'enquête de conjoncture auprès des ménages font froid dans le dos", résume Alexander Law, économiste en chef au cabinet Xerfi, pour qui "on ne peut pas tout attribuer à la grève".

L'indicateur de l'Insee mesurant le moral des ménages est passé à -28 en novembre, contre -23 le mois précédent, "un chiffre très proche de celui enregistré à la fin 2005 suite aux troubles dans les banlieues", relève Alexander Law.

Tous les soldes d'opinion qui composent cet indice ont reculé, "mais le plus notable est la lourde chute des intentions d'achats (-19), soit le niveau le plus faible depuis septembre 2005", souligne Mathieu Kaiser (BNP-Paribas). "Cela est cohérent avec des anticipations de niveau de vie et de pouvoir d'achat nettement dégradées" de la part des ménages, qui redoutent également une hausse de l'inflation, analyse-t-il.

Selon l'Institut national de la statistique, les perspectives de niveau de vie en France ont chuté de 11 points en un mois, soit un plongeon de 36 points depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en mai, rappelle Marc Touati (ACDEFI).

Entre la flambée des prix à la pompe et celle des denrées alimentaires, sans oublier les loyers qui progressent toujours à un rythme soutenu (plus de 3%), "les ménages ne peuvent que continuer à avoir le sentiment d'un pouvoir d'achat rogné par les dépenses contraintes", explique M. Kaiser.

"Il est difficile de voir quelles recettes efficaces à court terme le président de la République pourra annoncer pour relancer la consommation", note de son côté Alexander Law.

Quand on sait que les dépenses des consommateurs ont représenté entre 60% et 100% de la croissance du PIB depuis 5 ans, on comprend l'ampleur du problème.

Moins de pouvoir d'achat, réel ou ressenti, risque d'aboutir à une baisse de la consommation et donc à un ralentissement de la croissance dans le contexte français.

Cependant les députés ont rejeté une proposition de loi socialiste dont l'objet était de soutenir le pouvoir d'achat des ménages, thème de l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy ce soir.

L'Assemblée a décidé par 180 voix contre 115 de ne pas examiner les articles de ce texte, ce qui a automatiquement entrainé son rejet.

Les groupes UMP et Nouveau centre (NC) ont voté contre le passage à l'examen des articles, les groupes socialiste, radical et citoyen (SRC) et de la gauche démocrate et républicaine (GDR) pour.

Dans cette proposition de loi, le groupe SRC proposait une dizaine de mesures destinées à "soutenir le pouvoir d'achat des ménages".

Jean-Marc Ayrault, le président du groupe SRC, a vivement dénoncé la politique économique et sociale du gouvernement. "Votre discours de l'effort a été supporté intégralement par la France qui se lève tôt, qui travaille dur et qui gagne peu", a-t-il dit.

"Tout le haut de la pyramide sociale s'en est dispensé. Les fortunés s'abritent sous le bouclier fiscal pour ne plus payer d'impôt (...) et le président (de la République) donne le mauvais exemple en s'octroyant 170% d'augmentation", a-t-il poursuivi.

"Notre interpellation va au-delà d'un catalogue de mesures", a-t-il poursuivi. "Ce que nous demandons, c'est la réhabilitation du Contrat social. c'est un nouveau partage, juste et équilibré, des gains et des efforts. C'est un donnant-donnant entre l'Etat, les entreprises et les citoyens", a-t-il déclaré.

Au nom du gouvernement, Luc Chatel, secrétaire d'Etat à la Consommation, a critiqué plusieurs mesures proposées par les socialistes dont la "TIPP flottante" qui, a-t-il dit "s'est avérée à la fois illisible pour le consommateur, complexe à mettre en oeuvre et particulièrement coûteuse pour les finances publiques".

Même critique à l'égard du chèque transport qui, a-t-il dit, "n'a pas rencontré le succès escompté". "Il convient plutôt de s'interroger sur les raisons de l'échec du dispositif actuel", a-t-il dit.

"Pour toutes ces raisons, votre proposition de loi appelle un avis défavorable du gouvernement", a conclu le secrétaire d'Etat à la Consommation.

Le texte que François Hollande, premier secrétaire du PS, avait présenté la veille, comportait une dizaine de mesures allant d'une majoration de 50% de la prime pour l'emploi à la généralisation du chèque transport pour tous les salariés financée par une contribution exceptionnelle sur les "surprofits" des compagnies pétrolières.

Il proposait la réintroduction de la "TIPP flottante" (taxe intérieure sur les produits pétroliers), un mécanisme visant à amortir les hausses brutales du prix des carburants instauré en 2001 par le gouvernement de Lionel Jospin puis supprimée en 2002 par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.

Le groupe SRC proposait également de supprimer la "marge arrière" des grandes surfaces ou bien encore l'instauration d'un malus sur les entreprises abusant du travail à temps partiel et des emplois précaires.

Le texte prévoyait la tenue d'un "Grenelle du pouvoir d'achat", l'encadrement des loyers "au niveau du coût de la vie", la baisse de la TVA de 5,5% à 5% sur les produits de première nécessité ou bien encore l'exonération de la TIPP sur le carburants des avions ou bien encore l'augmentation de la taxe sur les cartes grises des voitures puissantes et polluantes.

Le "travailler plus" on a déjà compris mais le "gagner plus" reste un mystère.

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